GABRIELLE CHANEL
BIOPICS
Chanel à la mode
Katharine Hepburn puis Danielle Darrieux l’avaient incarnée peu de temps avant sa disparition dans la comédie musicale Coco. L’année prochaine, « Mademoiselle » Chanel va revivre sur tous les écrans et sous les traits de Shirley MacLaine, Anna Mouglalis et Audrey Tautou.
Zoom sur un sujet de biopic décidément très à la mode.
La scénariste et cinéaste Danièle Thompson confiait récemment à l’un de nos journalistes qu’en comptant la commande qui lui avait été faite, « quatre projets étaient en écriture : le film d’Anne Fontaine, celui de William Friedkin et un téléfilm avec Shirley MacLaine. » La réalisatrice avait finalement renoncé à cette intention trop commune de porter la vie de Gabrielle Chanel à l’écran. Danièle Thompson avait alors achevé le tournage de son prochain métrage : Le Code a changé (2009), au générique duquel figure Marina Hands. La jeune comédienne (César 2007 de la meilleure actrice pour son rôle dans Lady Chatterley, de Pascale Ferran), jusqu’au printemps dernier, était elle-même impliquée dans les futurs plans de William Friedkin, engagée au casting de Coco & Igor. Mais en avril, le réalisateur américain (French Connection, 1971) a finalement annoncé son retrait, au regret de s’entendre financièrement avec les producteurs du film. L’adaptation du roman de Chris Greenhalgh (à paraître chez Calmann-Lévy en 2009), depuis renommée Chanel & Stravinsky, l’histoire secrète, sera signée par Jan Kounen (99 francs, 2007) et interprétée par Anna Mouglalis (Les Amants du Flore, d’Ilan Duran Cohen, 2006) et Mads Mikkelsen (Casino Royale, de Martin Campbell, 2006).
L’égérie de Karl Lagerfeld – elle fut l’ambassadrice du parfum Allure de Chanel en 2003 – est actuellement sur les plateaux du film, principalement au Théâtre des Champs-Élysées, où, le 29 mai 1913, Igor Stravinsky présenta Le Sacre du Printemps devant une foule fâchée et une Coco captivée. Sept ans plus tard, suite à la Révolution russe, le compositeur se réfugia à Paris et fit la connaissance de son admiratrice, qui l’accueillit avec femme et enfants avant de se blottir à l’insu des siens dans ses bras. La liaison, la passion entre les deux créateurs est, selon Claudie Ossard, « un flash, un regard sur un moment de la vie de Chanel ».
Si la productrice du Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001) et d’Un long dimanche de fiançailles (2004) se félicite également de voir le réalisateur Jean-Pierre Jeunet et sa muse une troisième fois réunis afin de mettre en boîte le prochain film publicitaire de Chanel N°5, Claudie Ossard appréhende certainement le choix d’Audrey Tautou dans le rôle principal de Coco avant Chanel d’Anne Fontaine.
Coproduit par Haut et Court (Entre Les Murs, de Laurent Cantet, Palme d’Or à Cannes 2008) et librement adapté du roman d’Edmonde Charles-Roux, L’Irrégulière ou mon itinéraire Chanel (Grasset, 1974), cet autre biopic consacre les années de formation de la grande couturière, qui inventera la femme moderne après l’avoir incarnée. « Toute femme qui veut s’inventer un destin peut se reconnaître dans les premières années de Coco Chanel jeune fille sans éducation, qui rêve d’intégration tout en exacerbant ses différences et ignorant ce que sera son extraordinaire destin. C’est ce qui fait toute la modernité de ce film et la raison pour laquelle je n’ai pas hésité une seule seconde quand le rôle m’a été proposé », relate l’actrice, bientôt rejointe au casting par Benoît Poelvoorde, Emmanuelle Devos et Marie Gillain.
La distribution de Coco Chanel, de Christian Duguay, rassemble notamment Olivier Sitruk, Marine Delterme, Sagamore Stévenin, Cécile Cassel, Jean-Claude Dreyfus, Anny Duperey et Malcom McDowell autour de Barbora Bobulova (34 ans) et Shirley MacLaine (74 ans), qui interprètent la styliste à différentes périodes. Car à l’inverse des longs métrages, cette mini série en deux parties et plusieurs flashbacks, couvre la vie de « Mademoiselle » : de sa pauvre enfance passée dans un orphelinat jusqu’au renouveau, après-guerre, de son empire du luxe, rue Cambon.
La suite de son histoire fut jouée à Broadway en 1969. À l’époque, Katharine Hepburn (62 ans) est Coco dans la comédie musicale du même nom, créée par Alan Jay Lerner et André Previn. Selon la vraie Chanel – dont la formule : « Personne n’est jeune après 40 ans mais on peut être irrésistible à tout âge » est restée célèbre –, la star la plus récompensée aux Oscar est alors « trop vieille » pour jouer son personnage. Pourtant, quelques années plus tôt, c’est ce même rôle que la fille de l’actrice, la jeune Audrey Hepburn, prédisait déjà à sa grande amie Shirley MacLaine…
COCO CHANEL, DE CHRISTIAN DUGUAY (LUX VIDE / PAMPA PRODUCTION / ALCHEMY TELEVISION, 2008)
COCO AVANT CHANEL, D’ANNE FONTAINE (WARNER BROS., 2009)
CHANEL & STRAVINSKY, L’HISTOIRE SECRÈTE, DE JAN KOUNEN (WILD BUNCH DISTRIBUTION, 2009)
Mickaël Pagano