CONVERSE
ALL STAR
All Star Story
Revenues sur le devant de la scène (surtout rock) depuis 2003, les Converse marchent aujourd’hui sur le pas de leur propre légende. Un phénomène de mode qui ne s’arrêtera pas en si bon chemin. D’autant que la marque célèbre son centenaire « contestataire, revendicateur et sans tabou » avec Jane Birkin, qui incarne encore le courant libertaire de la fin des sixties.
Établie en 1908 dans le Massachusetts, la Converse Rubber Shoe Company, une fabrique de chaussures de sport, ne produit guère que quatre mille unités par an, parmi lesquelles les Converse All Star, promises à une heureuse destinée. Pourtant, les baskets montantes n’existent alors qu’en noir et sont principalement consacrées à la pratique du basket-ball. C’est d’ailleurs un joueur passionné qui, dix ans plus tard, vient trouver les dirigeants de Converse avec des arrangements (de facture) et des arguments (de vente) à l’esprit : éblouie par le jeune Charles « Chuck » Taylor, Converse améliore son modèle favori selon ses idées, fournit les équipes universitaires et voit le basket-ball évoluer dans la foulée tandis que l’amateur éclairé, toujours chaussé des nouvelles Converse All Star, attaque une carrière professionnelle. En 1923, la marque honore leur notoriété commune : les Converse All Star Chuck Taylor réunissent le logo, fameuse étoile encerclée, et l’autographe de leur meilleur ambassadeur, glorieuse star auréolée.
Converse occupe dès lors le terrain, conquis par ses baskets en toile. Jusqu’au début des années 80, le monde entier est à leurs pieds, et elles sont aux pieds de tout le monde : les All Star participent aux exploits sportifs des champions (Jack Purcell au badminton, Julius Irving au basket-ball), sont de parti pris lorsqu’elles habillent l’armée de l’air américaine (dès 1946) ou les « jeunes loups » et les bad boys des quartiers résidentiels et populaires.
Du reste, Converse s’implique aussi dans le style « streetwear » notamment adopté voire adapté par les skateurs, mais aussi par des vedettes de la télé (Ron Howard, alias « Richie » Cunningham dans Happy Days), du cinéma (James Dean, John Travolta), de la peinture (Andy Warhol), de la musique (Sid Vicious, Joan Jett, Iggy Pop, Kurt Cobain ou encore Mick Jagger, célèbre marié en Converse), qui s’appliquent à cultiver tant l’esprit de liberté de la marque que leur image, leur réputation.
À chaque génération son modèle et même sa propre mode puisque Converse, dès 1966, propose les All Star sont dans sept coloris et une version basse nommée Oxford. Trente ans après, malgré quelque essoufflement pour rester dans la course au succès, les Converse All Star sont customisées sinon imitées par les plus grands noms de la tendance (Karl Lagerfeld pour Chanel, John Galliano pour Dior), ou arborées par leurs égéries (Keira Knightley) ; elles se présentent sous toutes les formes (à motifs, unies ou multicolores, en cuir sinon fourrées quand elles ressemblent à des bottes) et se montrent quand même peu conformes (insérées par la réalisatrice Sofia Coppola dans la garde-robe royale de sa Marie-Antoinette, en 2006).
C’est dire si aujourd’hui on est à l’aise dans/avec ces baskets !
Mickaël Pagano, 2007