AGNÈS B.
T-SHIRTS D’ARTISTES
Des artistes au top
Le coton pour support et les coutures pour cadre, nombre d’artistes mettent la main sur une partie des collections Homme et Femme agnès b. : les derniers tee-shirts de la marque sont signés SKKI, Pierre Marie ou encore Jean-François Sanz.
Inaugurée en 1994 et depuis signée par une galerie de talents tels Gilbert & George, Hervé Guibert, William Klein, Douglas Gordon, Claude Lévêque, Jonas Mekas, l’œuvre-vêtement est tout à la fois offerte comme carte et page blanches à divers plasticiens, photographes, graffiteurs, poètes, musiciens et associations.
Cet hiver, et ce dans le droit fil de l’exposition « Draw! » (présentée à la galerie du jour agnès b. au printemps dernier), le dessin concerne trois séries de « t-shirts d’artistes ». Ainsi SKKI, Pierre Marie et Jean-François Sanz portent-ils aux nues la diversité du médium, entre trait au crayon et illustration, mais aussi l’éclectisme d’une ligne consacrée à toute forme de création, pourvu qu’elle vous habille…
À l’aube des années 80, le graffiti fait l’effet d’une bombe en Europe ; SKKI signe déjà l’architecture parisienne qu’il repeint. L’artiste explose, court les manifestations internationales, où son œuvre s’appose, s’impose même entre Jean-Michel Basquiat et Keith Harring pour d’autres expositions contemporaines. Après la chute du mur de Berlin – son support favori entre 1988 et 1990 –, le globe-tagueur relève de nouveaux défis et revisite ses pratiques : dès lors, SKII exerce ses talents sur toile et colle des affiches où figure son logo-personnage. Finalement installé à New York, il infiltre, explore, détourne les techniques de graphisme et de communication dominantes via Visual Pollution™, un concept en éveil.
Inspiré par des domaines insaisissables – l’édition, la musique et la mode –, le jeune Pierre Marie garde néanmoins l’esprit de détail dans ses exercices de style. Au cœur de son œuvre règne l’art du dessin, léger et ludique, mais si recherché (typo)graphiquement que chacune des expérimentations de l’artiste se teinte d’une poésie subtile, résolument moderne, qui témoigne d’une réflexion déjà aboutie. Une pensée que l’on retrouve encore dans des carnets de croquis, lesquels nourrissent le travail de Pierre Marie au point de constituer aussi une expérience créative : comme ces modèles créés pour agnès b.
L’imaginaire de Jean-François Sanz (en charge du mécénat chez agnès b. et commissaire d’exposition) est hanté de références disparates propres à la culture de masse des quarante dernières années : les visuels de mouvements contestataires, les cases de BD underground, les pochettes d’albums et autres affiches de concert… Autant de reproductions empruntées ça et là qui, après avoir été interprétées, retravaillées, et mélangées les unes aux autres par l’artiste, se manifestent à travers des dessins noir et blanc, proches du pochoir, étrangement familiers. Car ils forment finalement cette imagerie personnelle et générationnelle à laquelle chacun peut s’identifier.
Mickaël Pagano, 2005